Nouvelle maison

Octobre est là, et avec lui notre installation dans notre nouvelle maison, que dire à part que c'est un véritable petit coin de paradis. Autant la maison n'est pas très grande, une pièce qui sert de cuisine et de séjour, et une chambre pour nous trois, mais le jardin est magnifique, avec une piscine de rêve, un carbet pour profiter de l'ombre et du vent! Enfin des courants d'air de partout dans cette maison, on respire enfin! Cela fait un bien fou après s'être senti étouffé en plein centre ville, ici on peut cuisiner sans mourir de chaud, profiter de la matinée sans allumer le ventilateur et surtout plonger dans l'eau dès que l'on a trop chaud, un vrai bonheur, surtout pour Louka qui en profite pour apprendre à nager, un vrai petit poisson. 

Je vous avoue que depuis qu'on est là, on ne sort plus beaucoup, on profite de notre maison, et de toute façon avec le rythme de l'école, le soir on est tous crevé. Je fais du coup beaucoup de route pendant la journée pour conduire Louka à l'école, le récupérer le midi, le ramener et le rechercher à 16h mais ça en vaut la peine, il peut se reposer à la maison, même si je n'aime pas trop rouler en ce moment, car beaucoup de monde sur la route et beaucoup de mauvais conducteurs surtout. Mais j'apprend à rouler à la guyanaise, à passer dans le quartier de chicago sans avoir peur même si j'ai l'impression d'être dans un film quand je circule dans ce coin, des gars louches qui traînent à chaque coin de rue, un décor de cinéma, ça fait très "faux" même si c'est bien la réalité avec des gangs qui se règlent leur compte. On reconnait tout de suite ceux dont il ne faut mieux pas s'approcher, on sait que la nuit on ne s'aventurerai pas par là. Heureusement en plein jour c'est calme. 

Louka est toujours aussi heureux à l'école, il nous récite ses poésies et ses chansons avec fierté, nous raconte ses journées avec ses copains, il compare assez souvent avec Renescure, son amoureuse Lise lui manque. Son chat lui manque beaucoup, je l'ai emmené à la Pag afin qu'il se ressource auprès de mes petits protégés. 
Je continue avec plaisir d'y aller régulièrement, et j'espère continuer dans le Nord, je ne pensais pas aimer autant, sauf quand je croise un nid de matoutous... J'avoue que je préfère éviter et à chaque fois je pense à certaines dont je ne citerai pas le nom (lol) qui feraient des bons jusqu'au plafond. Les gros crapauds ont su m'arracher quelques cris de surprise, ainsi que notre énorme lézard de plus d'1m50, qui ressemble clairement à un caïman, et qui se nourrit de croquettes de chats... plus rien ne me surprendra ! ha ha !

J'ai pu vous partager avec plaisir les émergences de petites tortues olivatres, une tortue luth a survécu ce matin suite à une attaque de chien, je n'y étais pas mais grâce à Whatsapp j'ai toutes les informations directement. J'ai participé au village des associations pour représenter Kwata, un pas de plus pour moi au sein de l'association. Et surtout la semaine prochaine, je fais ma sortie avec Gepog pour aller voir les dauphins! hiiiiiiiii, voilà je ne ferai pas d'autres commentaires :) 

Ce samedi a lieu le spectacle sur le droit et le respect des femmes, spectacle son et lumière qui je pense va exprimer un message fort, en tout cas je l'espère. Ici c'est assez nouveau comme événement. Je connais bien le printemps de la jupe et toutes les actions menées en métropole alors je suis vraiment contente qu'ici aussi on se bat, on se bouge pour des valeurs qui me sont chères.
J'essaierai d'avoir des photos pour vous montrer le rendu. Les textes sont en tout cas durs et parlants, la mise en scène originale et cela m'a permis de rencontrer plusieurs femmes, toutes différentes mais avec le même but : défendre notre corps de toutes les agressions qu'il peut subir.

Je commence à réfléchir à ce que je veux faire en rentrant, préparer les lettres de motivation, les CV, rechercher les formations, fouiller un peu dans pleins de choses, c'est le moment pour moi de faire le point sur ma vie professionnelle, sur ce que je veux maintenant.
Bon je vous avoue que la piscine s'amuse à me narguer quand je décide d'être concentrée, mais ce n'est pas de ma faute, il fait chaud, je suis obligée de m'hydrater.
En tout cas, pour le moment on se réinstalle à Renescure, ensuite on verra les opportunités au niveau du travail mais en tout cas à l'heure actuelle je n'ai pas envie de repartir tout de suite. 

Quand à mon homme, il est parti ce matin pour 10 jours au Suriname et Guyana pour le travail. Je pense que l'on a jamais été séparé si longtemps. Heureusement je ne suis plus aussi stressée et angoissée qu'à notre arrivée, je le vie plutôt sereinement. Entre l'école, le bénévolat, le spectacle, le temps va passer vite mais ça va faire tout drôle quand même... Louka est déjà un peu inquiet ou plutôt triste que son Brice s'en aille. Ils savent se taquiner tous les deux mais ils s'aiment fort, je pense que le manque va se faire ressentir des deux côtés. On va se retrouver en amoureux comme dit Louka, il est déjà prêt à veiller sur moi. 

Chaque jour il veut se mesurer pour voir s'il a grandi, ce champion est déjà un sacré petit bout d'homme, et pour moi il pousse bien trop vite. Il en aura appris des choses ici : à nager, à connaître les tortues, reconnaître les singes, faire son premier centre de loisirs, aller à l'école avec des enfants qui ne parlent pas la même langue que lui... Et ça me fait rire quand j'apprend que ses groupes de travail portent des noms typiquement guyanais : le groupe des colibris ou celui des toucans... d'ailleurs on a pleins de colibris autour de notre piscine, je dis ça comme si c'était normal alors qu'en fait c'est juste génial. 

Quand Brice revient de son expédition, nous aurons 15 jours de vacances tous ensemble, pas mal de sorties en vue dont une sur une île où il y a de nombreux singes, une autre dans une crique aménagée, surement des sentiers, et ensuite on verra, comptez sur moi pour tout vous raconter :)

Je n'oublie pas ma famille, qui me manque beaucoup, c'est bien plus difficile aujourd'hui d'être loin de vous que lorsque je suis partie plus jeune à Lyon, il faut dire aussi que c'était seulement 800 km qui nous séparaient et non 8000. J'aimerai être là pour traverser les moments difficiles avec vous. 
En attendant je profite de mon bonheur car je sais trop bien qu'il est précieux et qu'il faut le savourer tant qu'il dure. 
Je vous envoie pleins de bisous chauds de Guyane.